0 Plusieurs manquements signalés par les dentistes aux hôpitaux (Dawood Elyhee de la GMDOA)
- by Administrator
- 10-06-2018
Cliquez sur ce lien: 26.08.2014
Nombreux sont les patients qui se tournent vers les cliniques dentaires du ministère de la Santé pour se faire soigner. Résultat : ces lieux ne désemplissent pas. Cela, malgré certaines failles notées dans certains de ces cabinets dentaires. Il est connu que les malades se plaignent assez souvent de la longue attente pour leur rendez-vous. Cette fois, ce sont les dentistes eux-mêmes qui se plaignent de ne pouvoir exercer dans les meilleures conditions possibles.
L’un d’eux évoque le problème de longue attente pour la réparation des équipements dentaires. « Comme il y a un seul technicien pour réparer ces appareils, il n’est pas toujours en mesure de le faire dans un délai raisonnable », soutient-il. Selon lui, cette situation entraînerait des dépenses conséquentes dans l’achat des équipements dentaires. Ceux en panne sont souvent remplacés au lieu d’être réparés et traînent dans un coin dans les cabinets dentaires. « Or, ces appareils auraient pu être réparés. Ils restent là comme des reliques. Ce qui ne fait qu’attirer les cafards, les rats et les lézards », témoigne-t-il. Il révèle que c’est un manque d’entretien qui fait que ces équipements dentaires sont vite endommagés.
Un sceau utilisé comme crachoir
Par ailleurs, plusieurs appareils sont actuellement hors d’usage ou pas entièrement fonctionnels. Par exemple, l’aspirateur dentaire de la clinique dentaire de Tyack est en panne depuis un an. Celle de Montagne-Blanche a un ‘mobile dental cart’ pas entièrement opérationnel. Il est privé d’aspirateur. De plus, l’appareil de détartrage n’est pas fonctionnel. Il en est de même pour la clinique dentaire de Bel-Air Rivière-Sèche, où les patients qui viennent pour le détartrage sont renvoyés.
Quant aux chaises dentaires pour les malades, elles sont en piteux état dans certaines cliniques dentaires, dont celles de Montagne-Blanche, Saint-Pierre et Quartier-Militaire. « Certaines chaises dentaires sont tellement endommagées que leur étoupe est visible. Nous demandons à chaque fois à ce qu’elles soient remplacées mais rien n’a été fait », affirme un autre dentiste.
La clinique dentaire de Montagne-Blanche n’est, également, pas dotée d’un crachoir. Par conséquent, c’est un sceau qui est utilisé. « Imaginez à quel point cela est peu hygiénique, puisque contrairement au crachoir, qui est équipé d’un système de décharge, le sceau doit être vidé à chaque fois. Plusieurs patients crachent dans ce sceau, le risque d’infection est énorme. Nous en sommes conscients, mais nous n’y pouvons rien, puisque le crachoir qui a été endommagé n’a pas été remplacé », souligne un membre du personnel.
Stérilisation inappropriée des instruments ?
La stérilisation des instruments dentaires utilisés dans la bouche des patients est également remise en question par des dentistes. Ils estiment que cet exercice essentiel pour prévenir le risque de contamination ne se ferait pas comme il se doit. Cela, faute de temps et d’instruments. « Nous voyons, en moyenne, une quarantaine de patients en trois heures. Comme nous n’avons pas assez d’instruments, il nous faut à chaque fois les stériliser.
Or, cela prend trois heures pour le faire dans un appareil autoclave. Faute de temps, nous faisons laver les instruments avant de les désinfecter avec des solutions de stérilisation. Mais seulement pendant quelques minutes, au lieu d’une heure, vu que nous avons d’autres patients qui attendent », révèlent-ils. Ils expliquent que, normalement, une clinique dentaire doit être dotée de plusieurs instruments du même type, car ce sont des matériels différents qui sont utilisés pour les extractions. « Nous avons fait une demande pour avoir plus d’instruments à plusieurs reprises. Mais on nous a fait comprendre qu’il faut contrôler les dépenses pour ne pas nous exposer aux critiques de l’Audit », souligne l’un de ces dentistes. À l’heure où nous mettions sous presse, le ministère de la Santé n’a toujours pas répondu à nos interrogations.
Dawood Elyhee : « C’est aux dentistes de bien gérer leur clinique dentaire »
Sollicité pour une réaction, le représentant syndical des dentistes au sein de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA), Dawood Elyhee, estime que ces dentistes exagèrent. « En tout cas, nous ne pouvons nous plaindre d’avoir un manque d’équipements puisqu’il suffit d’en faire la demande pour les obtenir. Vu le nombre de patients que nous traitons, c’est logique que ces équipements s’usent en peu de temps. Mais il suffit de demander pour qu’ils soient remplacés. C’est aussi faux de dire qu’il y a un manque d’instruments dentaires ! », affirme Dr Dawood Elyhee. Il ajoute qu’il n’y a aucun problème au niveau de la stérilisation des instruments.
Il insiste également sur le fait que c’est aux dentistes de veiller à ce que leur clinique dentaire fonctionne comme il se doit. « C’est aux dentistes de bien gérer leur clinique dentaire. C’est à eux de veiller à ce qu’ils aient tous les équipements nécessaires. En tant que professionnels, c’est à eux également de donner des ordres pour que leur clinique dentaire opère dans le respect des normes d’hygiène », lance le représentant syndical de la GMDOA.
Les patients priés de revenir pour l’enlèvement des racines – Le président du Dental Council : « Ce n’est pas éthique ! »
En dépit des protestations des malades, la pratique de leur demander de revenir plusieurs jours après pour l’enlèvement de la racine des dents se poursuit. « Il arrive que lorsqu’un dentiste procède à l’extraction d’une dent, elle se casse. Ce qui provoque des douleurs atroces chez le malade. Pourtant, certains de mes collègues leur donnent rendez-vous après un mois, voire deux, pour l’enlèvement de la racine. Comme les douleurs sont insupportables, le patient finit par aller voir un dentiste du privé.
Ainsi, tout laisse croire que certains dentistes leur demandent de revenir dans un mois pour que, justement, ils ne reviennent pas », révèle un dentiste. Est-ce éthique d’agir de la sorte ? Nous avons posé la question au président du Dental Council. « Ce n’est certes pas éthique pour un dentiste d’agir ainsi envers un malade puisqu’en effet, avec une dent cassée, il souffre atrocement. C’est vrai que les dentistes des hôpitaux voient un nombre conséquent de malades. Mais ce n’est pas une raison pour demander à un malade qui souffre atrocement de revenir après un mois. Toutefois, faute de plainte d’un malade en bonne et due forme, le Dental Council ne peut rien faire », précise Dr Joy Mandhub.
Il soutient, toutefois, que sans l’aval de la Public Service Commission (PSC) à travers le ministère de la Santé, le Dental Council ne peut enquêter sur les dentistes de l’État. « Vu qu’ils sont des fonctionnaires, nous ne pouvons même pas les sanctionner, contrairement aux dentistes du privé. C’est la PSC qui a le pouvoir de le faire. Nous ne pouvons que soumettre les conclusions de notre enquête. Tous les dentistes ne sont ainsi pas logés à la même enseigne. Mais nous n’y pouvons rien », concède le président du Dental Council. Il propose ainsi des amendements aux règlements de la PSC, pour que cette instance puisse également sanctionner les dentistes du service hospitalier.